MOJITO
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Épisode 32 : vacance j’oublie tout … ou presque

MOJITO

On ne devrait pas partir en vacances … c’est trop dure de revenir. D’ailleurs, le matin de la reprise, on passe trois quart d’heure à se dire « j’y vais, j’y vais pas. Et si je lâchais tout pour faire ce que j’ai envie. Je pourrais vendre des handspinners sur la plage ou vendre leurs fameux beignets qui sont tellement bons qu’on se fout carrément de savoir si ils ont été fabriqué selon les normes d’hygiène européenne ou s’ils sont sans gluten. Bizarrement, plus personne n’est allergique au gluten quand il s’agit de prendre un beach donut. Je ferais bien un potager aussi, je vendrais mes petits fruits et légumes moches. Ou alors je fais une nouvelle mycose, comme ça, ça me laisse le temps de voir venir. »

Non mais ça va pas putain ! Une mycose !

Je rappelle que je suis toujours dans ma bagnole en train de me dire que j’y vais pas et pis c’est tout,  tout en sachant que je vais sortir de cette putain de caisse parce que depuis 20 ans, je n’ai jamais loupé ma rentrée des classes.

Je crois que le plus chiant ce sont les questions. Mais les questions posées par ceux qui ne sont pas encore partis avec une pointe de sadisme. « Ça va ? Pas trop dure ? ».

Il va falloir aussi répondre à la plus mondialement conne des questions « t’as passé de bonnes vacaaaaances ? T’as eu beau temps ? ».

Mais connasse, t’as même pas remarqué mon teint halé, enrichi à l’oenobiol ? Sont cons les gens quand même à moins que ce soit toi qui ne supporte pas ces 5 minutes d’empathie. Ha oui … c’est toi !

En terminant la tournée des salutations aux collègues, saches que tu as fait le plus dure je te jure. Tu te mets le cul sur ta chaise de bureau, et tu y repenses.

Quand j’y repense.

Un soleil de plomb, le gros cagnard de ta mère. Tu te rends compte qu’il fait vraiment chaud quand tu bois un seul verre de rosé et que ça te file une grosse barre au milieu du front. Du coup, tu as la pépie toute l’après-midi. ndla : la pépie, mot de vieux pour désigner la bouche pâteuse, comme quand tu bois un smecta. Ne pas confondre avec la soif. T’as soif, tu bois, histoire terminée. La pépie, ça te reste toute la journée, tout ça à cause d’un verre de rosé sous 40°. Tu bois, tu bois, tu transpires, tu bois, tu pisses, tu bois. Tu claques ta langue en t’écriant « Oh j’ai la pépie », parfois en laissant apparaitre un peu d’écume au bord de ta bouche.

Et puis quand il fait chaud, tu n’hésites pas à te mettre presque à poil. Il est loin ton complexe permanent de fonte musculaire aux niveaux des bras. Toute l’année, tu t’horrifies de voir tes bras qui se transforment en manches chauve souris mais là, là tu t’en fous. Tu sors les bustiers. Enfin, tu sors la seule combi-bustier que tu as pris dans ta valise de 35 kilos en te disant « rhooo j’oserai jamais mettre ça » . Tu oublies les nus pieds aussi et tu ne portes que les birkenstocks, les claquettes allemandes qui te permettent de continuer à marcher même lorsque tes pieds gonflent. Tout le monde porte des tongs bien sûr parce que c’est tendance la tong mais toi, tu ne peux pas mettre de tongs parce que ça te fait horriblement mal entre les doigts de pieds. Pourtant, tu les as toutes essayées, tu t’en es même acheté des trop belles parce que justement elles étaient trop belles. Mais le problème ne vient pas de cette semelle agrémentée d’une corde en plastique, non, le problème c’est ton entre-doigt. Pourtant, Havaianas, Ipanema, Roxy, ça sonne quand même mieux que Birkenstock ou Croc’s non ?!

Et puis, à chaque vacance, on refait la même connerie . tous les ans … On achète un short. Cette année, tu fais fort, tu fais très fort même. T’achètes un short orange fluo en matière parachute sous prétexte que c’est cool. Magasin cool, musique à fond, vendeurs cools alors forcément, le short en rayon est cool. Saches que ce n’est pas parce que tu portes un truc cool que tu es cool. Le short qui sèche en 30 secondes chrono, ça fait meuf qui surfe. Sauf que tu surfes pas. Une meuf qui surfe, ça met des tongs et ça n’a pas la peau des bras qui pend quand ça déploie ses ailes pour trouver son équilibre.

Et on en parle de la tendance maillot de bain Été 2017 avec des lanières sur les côtés, dans le dos, des morceaux de tissus en moins pour soi disant, montrer des morceaux de notre peau halé … mais quand ça dégueule de partout, tu le vois le roastbeef à la piscine ?

Si tu as beaucoup économisé cette année, tu as une piscine dans ta résidence de vacances. Ha bein oui les gars, quand on économise et qu’on vend une de ces mycoses, on peut partir en vacances. Un bras aussi, ça se revend bien de nos jours.

Pour te rafraichir, tu vas à la piscine donc. Pour avoir accès à une piscine privée, il aurait fallu que tu vendes tes deux bras chauve souris mais personne n’en a voulu. Alors à la piscine bondée, surtout, ne réfléchis pas trop. Va y … fonce. Si tu commences à avoir la moindre pensée sur la propreté du bassin, tu ne mets même pas une orteil dans l’eau. Mais … quand même. Quand on y pense la piscine … tu essuies la morve de ta mycose qui fait concours d’apnée avec lui même, tu trouves ça drôle. Oui mais ce qui veut dire que les autres aussi ont de la morve qui leur coule, qu’ils essuient avec leurs petits doigts grassouillets qu’ils secouent dans l’eau pour que la morve aille flotter un peu plus loin … dans ton périmètre de nage ! Les adultes aussi d’ailleurs ont ce filet de morve qu’ils essuient avec plus de discrétion en mettant leur tête sous l’eau simulant de remettre leurs cheveux bien en arrière mais des milliers de petites morves, de sécrétions nasales se retrouvent à flotter autour de toi. Des cheveux de tout âge aussi d’ailleurs. C’est chiant un cheveu qui se prend autour de tes doigts … et écœurant aussi. À ton avis, pourquoi est-ce qu’en ce moment, on nous bombarde de pub pour lutter contre les verrues plantaires ?

Au final, en vacances, tu passes ton temps à prendre des douches pour retirer le chlore, les bactéries, la morve ou encore le sable. Ha tiens, le sable ! Alors je ne sais pas pourquoi mais les hommes ne supportent pas le sable. Piscine aucun problème mais sable non ! Pourquoi ? Ça s’insinue, ça gratte, ça picote entre les jambes, ça brûle même selon eux. Et puis s’il reste le moindre grain de sable sur les pieds des mycoses, ils rentrent pas dans la bagnole hein, je te préviens. Alors je pose la question, pourquoi un homme déteste assez le sable pour aller du début de la plage à l’emplacement de sa serviette en baskets chaussettes ?! Ensuite, il passe des heures à retirer le moindre grain de sable sur les serviettes. Messieurs, il faut savoir que tout le monde trouve chiant le sable qui rentre dans les claquettes germaniques, qui reste collé sur les pieds ou même au fond de ton slip de bain, mais tout le monde l’accepte sauf vous. Quoi que, parfois tu rentres à l’hôtel ou au camping en écartant bien les jambes parce que les quelques grains de sable collée dans ton entre cuisse ajouté à un short fluo toujours pas sec au bout d’une heure et 30 secondes frottant sur ta cellulite, ça picote un peu. Oh non, en fait ça brûle, ça gomme. Alors tu marches doucement en accentuant l’écart entre tes jambes à chaque pas comme si tu t’étais fait sodomiser par 3 pingouins déguisés en méduses et un ours polaire.

Sur les bords de plage, il y a aussi des rabatteurs pour te proposer un tour en jet ski ou en yacht, une pèche de nuit ou même une course poursuite à la recherche de ses rares dauphins qui s’aventureraient près des côtes. En même temps, ils sont mieux là qu’au Japon, ici, ils se marrent au moins à nous regarder avec nos shorts fluo et nos raybans.

Tu baisses la tête, tu n’as besoin de rien, non, tu ne veux pas aller pêcher la sardine avec Patrick Sébastien. Le sable persistant te lacère les jambes maintenant. Voilà qu’ils sont 5 ours polaires à vouloir de toi.

C’est sans compter les mycoses qui ont jeté leur dévolu sur un mignon petit bateau à louer. Bon, pourquoi pas, trop stylé c’bateau. Tu aurais dû sentir l’arnaque à ce moment là mais tu n’as pas capté, trop occupée par des grains de sable dans l’entre-fesse cette fois. Au vue du nom du bateau, tu aurais dû : le speedy boat !

Alors donc, le speedy boat est un petit bateau qui va très très très vite, au ras de la flotte.

Tu aurais dû te méfier quand le rabatteur t’a dit « avec les enfants, il vaut mieux le faire tôt, après il y a de la houle ». Bon, j’ai compris  » Après il y a de la moule. ». Je ne voyais pas le rapport entre un groupe de filles et mon mini yacht mais toujours pas de réaction de ma part.

Rendez-vous pris pour le lendemain à 8h.

« Mini mycose, tu veux monter avec qui ? « 

 » Avec papa, il va plus vite mais j’aurai pas peur hein »

« Merci mini mycose, je m’en souviendrai. Et toi moyenne mycose, ne me dis pas « avec papa », il n’y a que deux places dans vos bateaux de sauvageon des mers et merci pour cette mine réjouie. Je suis cap d’aller vite je te signale. A 18 ans, je fonçais avec ma motobecane série limitée Evasion. »

Pour l’occasion, j’avais mis mon short orange fluo. Agrémenté du gilet de sauvetage dans les mêmes tons, de toute beauté. Ca piquait tellement les yeux que même les dauphins auraient dû brulés leur rétine. Heureusement pour eux, on en a pas croisé. En même temps, nous n’avions pas rendez-vous avec du cétacé. Non, ce matin là, nous avions rendez-vous avec la vitesse … et les vagues qui te crachent tous ce qu’elles ont à la gueule. Oui parce qu’il n’y avait pas de moule mais il y avait un peu de houle quand même.

Tel le rebelle avec ses cheveux longs et sa bécane, nous sommes partis affronter la mer agitée. C’était juste la méditérannée mais quand même.

Moyenne mycose est  monté avec moi. Pour sortir du port, à 4 noeuds, ça gère. Limite un peu chiant même. Tu arrives en pleine mer et là, y a ce con sur son scooter des mers qui te dit « va yyyyyy, c’est bon, tu peux mettre les gaaaaaaazs ». Mais ta gueule toi ! D’accord, je suis une businesswomum mais j’ai mes propres angoisses aussi merde.

« Balaaaaance la sauce je te diiiis »

Moyenne mycose qui me regarde et là, j’ai vu dans ses yeux le « T’es pas cap en fait ». J’ai appuyé comme une malade à fond, j’osais même pas regarder le compteur, tu vas pas me croire mais le bateau sautait au dessus des vagues et redescendait et re sautait. J’essayais de rattraper ce connard de jet skieur et mini mycose avec son père mais whow whow, ils allaient à combien ! Et puis j’ai commencé à regarder un peu plus loin et on était vraiment en pleine mer, sans rien autour. Que nous, en assez voyant pour nous faire bouffer par un requin qui nous aurait vu depuis les côtes de la Réunion. J’ai foncé encore plus mais ce n’était pas du courage, c’était de la peur. Et là, j’ai vu … je l’ai enfin vu … l’admiration dans les yeux de mon fils. J’étais une rebelle des mers alors qu’en fait j’avais juste la trouille. Ohé ! Monsieur le mec sur son jet ski, tu peux m’attendre s’il te plait. Ça a duré une heure le tour. J’AI fait des  pointes à 85 kms/heure, je suis ressortie le corps en feu, je crois que j’ai pris un peu de bibis des bras.

 J’ai gagné le respect de la mycose. Des vacances merveilleuses.

La putain de fabuleuse illustration qui accompagne cet épisode de la renaissance a été réalisée par Marge Illustrations. Elle a un talent gros comme ça et a une boutique avec des produits sympas avec ses dessins dessus sauf qu’elle ne vend pas de tongs. Viens faire un tour sur son book http://marge-illustrations.fr/ … son travail le mérite.

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24 août 2017