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Épisode 18 : Chut … je me concentre

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« Tu peux te dépêcher, j’ai envie de faire pipi. »
« Moyenne mycose, tu peux laisser grande mycose tranquille aux toilettes. Elle ne peut pas se concentrer si tu attends derrière la porte. Va aux toilettes en haut. »

« Mais m’man on a pas besoin de se concentrer pour aller faire caca. »

Bah les filles, si ! Elles ont besoin de se concentrer tout le temps les filles. Une fille, ça a besoin de se mettre en conditions et de réfléchir à la moindre action.

En règle générale, les filles ne vont pas aux toilettes à l’extérieur. Ni chez les gens, et encore moins au taf. C’est une règle. Un homme, ce serait plutôt du genre « tout terrain », le 4×4 radiocommandé soir et matin. Et puis d’ailleurs, une fille ne fait jamais caca, enfin, en tout cas, c’est une des grandes théories de l’univers.

Si on fait abstraction de la théorie de la princesse sans intestins, les filles, c’est compliqué. Le passage aux toilettes fait partie intégrante d’une réflexion globale sur la vie, la mort et le monde en général. Il y a d’abord l’analyse de tout ce qui a été ingurgité pendant les 3 derniers jours pour identifier la paresse ou le dynamisme de leur transit. Les mecs : pas de question, on fonce, en tout temps et en tout lieu.
On ne va pas faire un épisode là dessus mais cette différence de comportement est tout à fait intéressante. Ca doit être bien d’être homme.
Tout ce que l’homme fait se voit et s’entend. Toi, tu as tous les week-ends, le même nombre de trucs à repasser, le même sol à laver, les mêmes toilettes à décrasser. Dans une heure, ce que tu as fait ne se verra plus. Mais la pelouse, haaaa ça se voit. Et on te fait bien remarquer que c’est agréable une pelouse bien tondue. Est-ce qu’on te fait remarquer toi que les chemises sont agréables à porter ou que tes chiottes sont de toute beauté ? Non.

Alors pour bien plier une chemise, tout est une question de concentration. Ce qui nous pourrit la vie pour tout d’ailleurs.

La concentration chez une femme se traduit par 10 000 questions.
Exemple typique du créneau par exemple. Tu veux faire un créneau. Tu es un homme : tu vois une place, tu t’engouffres dedans avec plus ou moins de délicatesse. Affaire réglée.
Tu es une femme : tu regardes si tu as quelqu’un au cul. Si tu as quelqu’un au cul, tu hésites et tu commences à paniquer. Tu te demandes si c’est un mec qui va regarder ton exploit ou si c’est une femme. La femme n’est pas forcément plus compréhensive d’ailleurs. Elle se foutera juste un peu moins de ta gueule en se disant «  quelle conne celle-là. Elle ne peut pas trouver une place en épi plutôt que de faire chier les gens qui vont au taf. ». Tu te demandes si tu connais le mec qui est derrière toi ? Il y a des passants qui pourraient t’engueuler si tu fais une touchette ? Mes feux arrières fonctionnent bien ? Mon rétro n’est pas bien réglé je crois.  Quelqu’un va certainement bientôt s’exciter sur son klaxon ? C’est payant dans cette rue ? Tu te dis que tu ne pourrais jamais faire le métier de livreur ? Putain mais que de questions ! On te demande juste de faire ton enfoiré de créneau.
T’es stressée mais tu veux réussir du premier coup donc tu te positionnes, tu passes la marche arrière. Ha merde, ta jambe est fébrile. Tu recules tout doux. Tu sens l’impatience des gens derrière. En fait, il y a maintenant 10 voitures qui matent ton cul. C’est sûr ils se foutent de ta gueule et c’est déjà sur youtube avec 150 000 vues. Tu pourrais abandonner et tourner à la première rue pour fuir mais tu as besoin de cette place pour être à l’heure à ton rendez-vous worldwide jusqu’au moment où tu te rends compte qu’il aurait fallu se poser une question … une seule … LA question ! Celle qui t’aurait permis de comprendre tout de suite que tu ne pourras jamais garer ta caisse dans un espace de 50 cm. Tu es désormais en retard mais tu es la star du jour sur les facebooks de tous ces connards qui attendent que tu te gares.
Autre exemple, sur le parking d’un supermarché. Une femme se sera posé 10 questions avant même d’arriver sur ce lieu de débauche, et elle saura qu’il ne faut pas s’obstiner à se garer trop près de la porte d’entrée du magasin puisqu’il n’y aura de toute façon pas de place parce qu’en fin de mois, il y a toujours du monde et que c’est bientôt Noël et que les gens s’y prennent tôt cette année, ‘fin y en a qui s’y prennent quand même toujours à la dernière minute et puis ça va être blindé et si il n’y a pas de place, il faudra refaire le tour, et qu’il vaut mieux perdre un peu de temps à la caisse qu’à chercher une place.Et puis tu n’as pas toute la journée parce que chéri a dit qu’il gardait les mycoses mais tu vas retrouver le petit en piteux état au pire habillé en pantalon bleu et haut vert, au mieux, en pyjama, livré à lui-même.

Pfiou tu comprends maintenant pourquoi c’est crevant de faire les courses. Tu as déjà prévu de te garer à la première place vue, sans aller chercher l’optimisation … que dis-je, l’entêtement. Ton mec, c’est un bourrin et ça te gonfle quand il fait 15 fois le tour pour trouver la place la plus proche. Y a un concours entre mecs ou quoi ! Pour toi, l’intelligence, c’est de saisir ta chance quand elle se produit et ta chance, c’est une place, n’importe laquelle. Tu sors de ta bagnole et tu vois plein de places plus près. Et évidemment, là, tu pourrais te poser la question de savoir si tu vas rechercher ta voiture pour te rapprocher mais tu t’es déjà posée trop de questions. Tu scannes déjà ta liste de courses.

 

En fait, les filles se concentrent trop sur tout … on est des cérébrales. Surtout sur des conneries. Tu t’épuises à analyser, peser le pour et le contre, à émettre des « si », à penser à ce que tu vas faire à bouffer à Noël alors que les Galeries Lafayette n’ont même pas encore installées leurs pantins alors que tu sais très bien qu’en réalité, tu décideras le 22 décembre et tu commanderas traiteur à l’arrache, à faire attention à ce que les autres pensent.
Tiens, faire l’amour par exemple. Parlons en. Même topo.

Bon là évidemment, c’est pas ce que les autres pensent qui t’importe puisque normalement, je dis bien, normalement … Tu es deux dans ce genre de situation… Pas quinze. En même temps, la normalité hein … Faut voir ! Dans 20 ans, quand on aura fait le tour de la question … Je dis pas mais pour l’instant, vue comme on se prend la tête parfois nous les femmes … Pas la peine d’en rajouter !

Donc ton mec, on peut lui annoncer qu’une bombe quasi atomique va s’écraser sur sa gueule dans deux heures, rien à battre. Pour l’instant la bombe quasi atomique la plus proche pour lui c’est toi. Oui sauf que toi, avant que la bombe n’atteigne son objectif, t’as encore plein de choses dans la tête ! D’abord la première question qui fera appel à ta mémoire, c’est  » oh putain, j’avais pas prévu. J’ai mis un coordonnée ou une vieille culotte « objectif confort » ? ». Cette question est super utile à se poser. Ce sera la seule. Parce qu’après avoir résolu le problème des dessous montrables ou pas, une femme doit lâcher prise. Elle doit faire le vide de tout. Mais pas toi !
Le vide dans ta tête ça n’existe pas sauf … sur une ile déserte, débarrassée de toute mycose et autres pollutions spirituelles. Donc  tu luttes, tu luttes et t’essaie de faire le vide mais il y a toujours une pensée qui te vient.
Dans ta tête, tout y passe : « mémo : absolument penser à mettre une pom’pote dans le sac à dos de mini mycose. » « ha oui et signer le mot pour le spectacle de Noël. ».
Concentre toi merde.

Oh putain, le spectacle de Noël. Attends c’est mort pour réussir à fabriquer des ronds de serviette en rouleau de papier cul dans les temps. Bah en même temps, les rouleaux de PQ sont une espèce en voie d’extinction depuis qu’ils se dissolvent dans l’eau. D’ailleurs toi aussi tu te penches pour admirer la fonte du rouleau en te disant à chaque fois « malin les mecs chez Lotus. »

Quelle bordel dans ta tête !

Un moment donné, tu lâches l’affaire quand même mais tu ne sais pas trop à quel moment ton cerveau se met en veille. Les mecs sont lourds mais doués quand même. On ne peut pas leur retirer ça. Bon, faut pas que ça dure 3 heures non plus parce que d’ici à ce qu’un « j’ai entendu un bruit là ! t’es sûre qu’ils dorment tous ? » se rapplique dans ta tête … faut se magner un peu quand même.

 

Donc quand moyenne mycose a demandé pourquoi les filles avaient besoin de se concentrer, ma réponse ne lui a pas suffit. Il a réfléchi. Il a réfléchi longtemps puis est revenu vers moi en me disant «  Ha oui, j’ai compris pourquoi vous avez besoin de vous concentrer. C’est parce que vous avez vos rêgles. »

C’est bien mon garçon. Tu deviendras un homme, tu as tout compris aux femmes.

 

 

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3 décembre 2014