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Episode 12 – Je fais attention

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« Non merci, j’essaie de faire attention. »

Ouais c’est ça ouais. Dis que t’es carrément au régime mais comme t’es invitée et que peut-être que le dessert sera une tuerie, bein tu dis pas franchement que t’es au régime sec parce que si l’envie te prend de te goinfrer de ce merveilleux gâteau, tu sauves ta face.
Réfléchis ! Si tu dis clairement que t’es à la diète … bein tu risques de passer pour une faible : crédibilité zéro. Alors que si tu dis « Je fais attention » ça veut dire que tu te soignes, qu’un esprit sain c’est un corps sain et alors là, seulement, si tu décides de prendre un morceau de ce putain de gâteau, on se dit que tu es hédoniste, épicurien, ou je ne sais quoi encore. T’as la classe quoi !

En fait … au fond de toi … tu vis un calvaire depuis plusieurs semaines déjà. Tu t’esclaffes et tu fais la nana qui aime la vie, le vin et les copains mais au fond de toi, t’es triste.

T’as pas toujours été comme ça hein. Avant, elles te gonflaient celles qui disaient d’un air précieux « non merci, je fais attention. » alors que toi, t’avais la bouche en forme du macaron que tu venais d’engloutir.

Voilà quoi … T’es au régime. Tu as décidé, t’es motivée. Tu vas en chier quoi ! Parce que face à du chocolat, face à une poignée de cacahuètes … T’es faible.

En même temps, tu t’en fous de passer pour une faible parce que, il faut le savoir, toute la durée de ton régime, si tu veux vraiment le faire, tu seras seule.
C’est une longue traversée du désert.
Et les traversées, tu les as toutes essayée. Soupe au chou, Dukan, detox raisin, Cohen, Slim Fast, … Depuis que t’es ruinée, tu t’es dit que t’allais peut-être inventer ta propre méthode et peut-être même en faire un bouquin. Enfin t’allais te démerder toute seule quoi.

Donc soupe au choux : 3 jours. Juste le temps pour le chou de s’oxyder dans le faitout et embaumer l’ensemble de la maison d’une odeur pestilentielle. Tu savais toi que, je cite « le chou est conseillé dans les cas de paresse du colon », autrement appelé la constipation. Maintenant je le sais … et toi aussi tu le sais.

Detox raisin : c’est machine là qui en parlait sur Europe 1. Merde, comment elle s’appelle. Celle des enfoirés p’tain. Une grande blonde qui est avec Barroin. Celle de Palmade là. Bon, ça me revient pas. Bref, elle te vante les mérites du detox raisin et comme tu la trouves bien gaulée, tu te dis que t’aimes le raisin. Bon … 2 jours t’as aimé le raisin… et il te reste toute la vie pour le détester. 3 kilos de raisin quotidien ils disaient sur le site de Femme Actuelle. Je cite « diurétique par sa richesse en eau et potassium ». En effet, c’est décapant ! Sauf que ce qu’ils ne disent pas, c’est que la teneur en sucre est tellement élevée que tu pourrais faire du diabète de type 18 à vie avec cette connerie.

Alors tu te dis « mettre un slim OK mais pas au prix ni de ma vie, ni de mon colon. ». Tu passes à plus de diversification.

Méthode Dukan : bon bein comme tout le monde hein, t’as essayé, tu t’es fait niquer et t’as même acheté le livre tiens. Ha c’est sûr que ça fonctionne. Tu perds des kilos super vite. Whouhhh à donf’. Tu pues le surimi mais t’es content. Et puis tu te vantes à longueur de journée que tu fais Dukan. Tu fais partie d’une communauté, celle de ceux qui veulent mettre un putain de slim avant que la tendance ne revienne au baggy.
Tu ne sors jamais sans tes 6 tranches de blanc de dinde dans ton sac à main. Après avoir fait la fortune de Fleury Michon et Monique Ranou, tu commences à voir le revers de la médaille … t’as plus d’amis tellement tu pues de la gueule et si avant, ton transit était faiblard, alors là, il est carrément mort. Kaput, nada, aïe t’as mal. 6 mois, 8 kilos que tu reprends x 2 en 8 jours et 8 mois de douleurs intestinales. Le premier qui te dit que le chou ou le raisin sont miraculeux pour des problèmes comme le tien, t’es prêt à lui faire bouffer ta soupe oxydée dans sa gueule !

Tu commences à te dire que si tu veux un jour t’acheter le saint Graal sans mourir étouffer, sans avoir l’impression que le tissu stretch est en train de te bruler la peau, il faut que tu le fasses à ta façon ton régime, celui qui sera le plus adaptée à ta real life de business wo’mum.
Mais avant toute chose, il faut que tu sois consciente d’un truc ! Enfin, plusieurs trucs mais on va y aller par ordre d’importance vitale.
Il faut être conscient et surtout accepter que ta vie sociale, durant un régime, se résume à … rien. Tu vas cohabiter durant de longs mois avec la désocialisation.
‘fin la solitude quoi ! Mais attention, pas la solitude qui t’habite juste le jour où tu portes ton body chemisier hein ! Ha non, je parle de la grande solitude, celle qui porte une longue robe blanche vaporeuse avec des manches chauve-souris. Celle qui tournoie autour de toi en te chuchotant « tu n’as plus personne mais je suis là moi. ». Bein ouais connasse, sinon tu t’appellerais pas la solitude.
Prends en soin quand même parce qu’elle est la seule personne que tu pourras côtoyer durant cette période. Elle ressemble à la mort mais elle a eu la décence de s’habiller en blanc elle. La mort, avec son déshabillé sans forme tout noire, elle fait flipper mais la solitude, elle a un peu plus de classe quand même. En même temps, classe ou pas classe, tu l’acceptes parce que ça devient ta meilleure copine. Faudrait juste un jour lui dire de troquer sa tenue un peu vieillotte contre un slim.

Donc si tu veux que ça marche, tu oublies les amis, les potes, les collègues, les moments de plaisir. Tu vas détester tes mycoses et leurs goûters indécents. Tu les détestes même quand ils mangent des knackis parce qu’en fin de compte, ça doit pas être si dégueu. Tu vas détester ton mec et ses sandwichs avec plein de mayo qui dégueule, tu vas détester tes copines en slim qui te disent « Je fais attention » et leurs conseils. Tu vas devenir aigrie mais tu t’en tapes puisque tu vas enfin être aussi bien gaulée que machine, celle de Pierre Palmade.

Alors, le collectif des nanas qui combattent les carcans de la beauté vont lever leurs banderoles. N’y fais pas attention et garde ta ligne directrice. Si au moins t’étais pulpeuse, c’est à dire avec des seins, des trucs qui te rendent whaouh mais même pas. T’as rien pris à ce niveau. Donc t’es pas une ronde pulpeuse, t’es juste enrobée. Ouais bein tant que tu peux pas rentrer dans les fringues sur lesquels tu baves, c’est que t’es pas bien dans ta tête. Alors laisse les sortir leurs banderoles. Tu sais, toi, que ça te rendra heureux de ne plus te prendre la tête quand t’as trop chaud sous le soleil de Los Angeles et que tu peux pas mettre de short en jean. C’est pas que tu veux pas, c’est que tu peux pas. Alors, t’assumes et tu sais que c’est pas pour faire comme dans les magazines. Faut pas tout mélanger. Les cabines d’essayage sont devenues une torture alors qu’avant, c’était une dépendance de ta maison alors c’est d’un peu de légèreté dont tu as besoin. Oh bien sûr, tout n’ira pas mieux mais au moins, ça, ça ira. C’est comme gagner au loto. L’argent, ça fait pas tout mais merde, quand même.

Le secret, c’est de rester soi. Difficile quand tu deviens un canon.

Bon, je suis pas devenue un canon mais quand t’arrive à entrer dans un Skinny en taille 6 US, tu te dis que tu pourras pas faire mieux. T’es arrivé au bout de tes possibilités mais c’est bien. Un moment, faut arrêter aussi.
Tu bombes les seins.
Ha non, tu peux pas parce q’au niveau du torse, t’es passé de rien à que dalle. Mais tu peux mettre des slims et des shorts en jean. Grâce aux krisprolls.

Haaaa merci les Krisprolls. Brioché, blé complet ou nature, ça cale. Et au bout de la deuxième, tu détestes les suédois et Ikéa et la p’tite sirène mais t’as pas mangé de chausson aux pommes. Oui parce que t’as bien essayé les galettes de riz nappés de chocolat. Mais sérieux ! T’as l’impression que le riz aspire ta langue. C’est dur, c’est mou, on sait pas en fait.

(Oui je sais que la petite sirène, c’est pas les Suédois mais ça manquait d’une touche de glamour dans cet épisode.)

‘fin bref, y a pas de miracle. Faut arrêter de bouffer des conneries sous prétexte que ça nous fait du bien au moral ou que les mycoses n’ont pas arrêtés de la journée et qu’on l’a bien mérité. Les fausses excuses tu arrêteras. Parce que pour le sandwich du midi, les mycoses, elles n’y sont pour rien. Pour la part de flan que tu te tapes après 16h non plus. Faut se sentir bien dans son corps donc si on doit en passer par quelques frustrations, on le fait … mais jamais dans l’excès ok ?! Promis, jamais dans l’excès.

J’allais oublier … Pas de règles qui mettraient ta vie en danger. Donc tu laisses pas tomber tes amis les mojitos. Faut pas déconner.

Et puis il y a des trucs quasi jouissif aussi, des trucs débiles genre quand tu sens les grognements de ton ventre. Il t’implore et t’adore ça. Ca veut dire que tu dois perdre des grammes là.
Le sport aussi … très important le sport … ha oui le sport. Bah, le sport c’est le sport quoi. Pas d’expérience à ce niveau là à part l’investissement dans un vélo elliptique. Tu te mets sur ton vélo avec Pink qui te gueule dans les écouteurs « Sobeeeeeerr ». Je suis sobre ! Tu parles, j’ai la dalle surtout. Donc Pink te saoule vite et bientôt, l’engin de torture se retrouve en vente sur la brocante que tu t’es promis de faire depuis 6 ans.

Et Il y a les gens qui te disent « Whah t’as fondu ! T’es pas malade au moins ?». Heuuuu, je sais pas. C’est une maladie la famine ? Mais merci quand même.

Et y a ton mec ! Alors là, je dois dire, bravo ! Ton mec en fait c’est pas vraiment ton meilleur allié dans ton combat. Je te rappelle que ton meilleur allié c’est la solitude dans sa robe blanche.

Ton mec te montre un sac de fringues trop larges que tu hésites encore à proposer à ta prochaine brocante imaginaire. Il te balance avec une fourberie sans égale « Dis moi chéri, le sac avec tes fringues de quand t’étais grosse, j’en fais quoi ? ».
Lã tu sens toute la haine accumulée durant ces longs mois de privation mais aussi ces années oū tu te sentais pas si moche que ça. Alors tu vas lui dire de toucher à son cul et tu lui feras bouffer le chou, le raisin, Machine Laroque et la petite sirène mais pas par les yeux …

Putain j’ai faim.

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21 septembre 2014