Bonnet
Les épisodes

Il est temps …

BonnetBon bein voilà, je me suis fait griller putain. Tout le mois de décembre, ton maitre mot c’est la discrétion. Tout se fait en cachette, tu excelles dans la maitrise de la tromperie et du mensonge. C’est pas bien beau tout cela mais c’est pour la bonne cause. Tu deviens maitre dans l’art du silence, de la transparence. Durant cette période, tu as deux yeux devant, deux derrière et deux de chaque côté.
Tu cachottes des trucs.
Tu me vois, tu me vois pas, tu me vois, tu me vois pas.

T’avais réussi à tenir tout le mois de décembre en planquant des cadeaux partout. Dans tes strings pour les plus petits, sous ton lit jusque dans ton coffre de bagnole. Et puis surtout dans la buanderie avec interdiction à quiconque d’entrer. Bizarrement, toute l’année, cette pièce est open mais là, depuis fin novembre, fermeture annuelle pour cause d’inventaire. Et mini mycose ne se demande pas pourquoi il ne vient plus faire les lessives avec toi.

Tu deviens méfiant et méthodique, tu ne veux pas te faire niquer avant le jour J et il te faut une organisation sans faille pour ranger d’un côté, ceux qui vont chez ta belle-mère pour le repas du 25 et ceux qui restent pour le 24 ici. Ce n’est d’ailleurs plus de l’organisation, c’est du génie.

Et le 24 décembre matin, il te suffit de relâcher la pression 30 secondes pour que tout s’écroule. Que d’espion numéro 1, tu retombes au rang de stagiaire, de bleu. Oui, il t’a suffit de 30 secondes pour que tout ton plan se casse la gueule. Bein voilà, c’est niqué. Au moment de partir au boulot parce que oui toi tu bosses jusqu’au 24 soir. Donc tu vas chercher des paquets cadeaux dans la buanderie pour déposer chez une copine. Tu as un petit sourire de satisfaction en voyant que tu ne feras pas de rush d’emballage cette année. Tout est prêt. Tu cherches ton paquet du regard. Tu l’as. Et derrière toi, derrière ton cul, mini mycose vient d’entrer sans le mot de passe dans la caverne d’Ali Baba.

En t’en rendant compte, tu cries (toujours pour la bonne cause hein !). Ton premier réflexe, après avoir crié, c’est d’éteindre la lumière pour éviter que ses yeux ne crament face à ce trop plein de papier irisé, papier brillant, papier avec décor Cars ou mickey. Certains papiers sont plus moches que d’autres mais dans un pack de 4 rouleaux de papier cadeaux, y en a toujours un moche que tu réserveras à la personne que tu aimes le moins.

Donc, il est là, bouche bée. Tu le repousses d’un geste mesuré mais assuré.

Tu retournes à la porte d’entrée et tu lui dis « allez go, on y va. Et ce soir, le vieux bonhomme passe ». Il est là, planté sur le paillasson, il pleure.

Ton cœur s’emballe. Et s’il venait de comprendre ?
Au bout d’un quart d’heure, agenouillée, à lui demander pourquoi il pleure, je me sens fébrile. Et si j’avais tout niquée ? Et puis d’ailleurs, c’est pas moi. Chéri n’avait qu’à le surveiller merde. Je lui ai dit en plus.

Voyant sa culpabilité dans mes yeux, chéri s’en est donc mêlé. Il a dit « Tu pleures parce que maman t’a crié ? ». Et là, il a répondu positivement d’un signe de tête.

Voici comment la culpabilité peut sauter des épaules d’une personne à une autre en une seconde.

Il est temps … il est temps … C’est le soir de Noël.

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24 décembre 2014