Claquée ! Ch’uis clairement claquée. Attends, c’est normal aussi, c’est quoi cette période de merde. Tous les ans, ça recommence. Sauf que cette année, ça prend des proportions … Bon ok, j’aurais pas dû m’inscrire mais je savais pas où je mettais les pieds à ce putain de moment quand ils ont demandé.

Et puis, à partir du moment où c’est dans l’cahier, tu t’dis « houuuu ! c’est important. J’dis oui pour m’faire bien voir. Les mères parfaites, elles ont certainement sautées sur l’occasion en agitant les bras et en criant « hiiiiiihiihiiii enfin le meilleur moment de l’année. » Alors moi, dans l’doute, j’fais pareil.

Comment ça vous comprenez rien à ce que j’raconte ? Putain mais je parle de ce moment magique et en même temps tellement … ce moment si intense, une putain d’émotion et en même temps une grande envie de se casser au plus vite. J’ai nommé LA KERMESSE.

Ouais parce que me dis pas que t’es toujours à 200% dans cet événement. Au concert de Pink, OK là, t’es à 200% mais merde, pas à la kermesse quand même. ‘Fin moi j’avoue que parfois j’décroche. Tes oreilles te supplient de partir … ton cœur en extase t’ordonne de te tenir tranquille et d’agiter les bras comme les pommes au premier rang. La pov’pomme est capable de te piétiner pour voir sa mycose chanter.

Dilemme ! Tu te casses, tu restes, tu vas fumer ta e-cigarette., tu rampes jusque la sortie sauf que t’as essayé de mettre une tenue décontractée classe qui fait jeune. Mais surtout une veste. Ca fait la nana qui a un taf worldwide et c’est pour ça qu’elle peut pas aller chercher ses mycoses à la sortie de l’école. Parce que oui, on se sent toujours coupable mais en fait, c’est les autres qui nous rendent coupables. Les autres, c’est les pommes là au premier rang. J’vais en bouffer d’la pomme moi !

Bon donc là, t’es à la kermesse, tu sais plus, t’as un moment de panique. Tu croises le regard de ta mycose, tu souries plus que de raison, tu re agites les bras Mais Là, tu conclues que c’est toujours le cœur qui décide malgré la torture. Intéressant d’ailleurs.

On est prêt à tout accepter de nos mycoses … même le pire. Même la kermesse quoi !

Parce qu’on les aime. Alors que parfois, on devrait les détester. Mais ça, c’est impossible. Sûre que ça nous ferait du bien mais, on est con, on y arrive pas.

Réfléchissez ! Si une seule personne osait nous faire la moitié de ce que nous font endurer nos mycoses, on lui casserait la gueule ou on irait porter plainte pour harcèlement moral, délit de fuite, délit de belle gueule, violences physique et verbale, harcèlement sexuel même parfois quand une mycose se coince la tête juste dans ton entre-fesses.

Sérieux … faudrait tout accepter ?

Bein oui qu’on accepte tiens ! Mais ça veut pas dire qu’on cautionne pour autant hein. Alors de se dire qu’on est pas seule face à cette triple peine (oui parce que j’ai 3 mycoses), ça peut faire que du bien. Le mojito aussi ça fait du bien. Plus rapidement dans le sang, il a aussi ses avantages.

Mais à la kermesse … y a pas de mojitos. Ha non ! Y a de l’oasis, du cola de marque distributeur et parfois du café. Pas osé proposer des alcools forts alors que sûre, on aurait pu se payer un ordinateur pour chaque gamin en vendant des substances qui permettent d’oublier ce pur moment.

Alors quand ils ont demandé de l’aide dans les cahiers des gosses, j’ai dit « ok ». Mais j’ai oublié d’agiter les bras donc forcément j’étais pas à fond.

Mais comme je suis une dingue worldwide, je décide de proposer de faire l’affiche de la kermesse. Bon, là ! Pas de problème. Validée direct ma putain d’affiche jaune pour que ça se voit dès qu’on rentre dans la boulangerie. Grand kif du mot de la maitresse sur le cahier qui remercie pour la belle affiche. Sauf que quoi ! Bein sauf qu’elle a remercié mon mec. Injustice !

Je veux aller plus loin parce que à part 5 nanas qui se démènent, personne ne veut aider.

Fièrement, je confirme ma participation à la réunion de préparation.

Rendez-vous est pris à 20h30 au bistrot du village. Hein ? Le bistrot du village ? Font des mojitos là bas ?

À 20h20 … j’y suis mais j’attends un peu plus loin pour observer. 20h25, je suis devant. Pas l’ombre d’une gonzesse. Putain mais qu’est ce que je fous là !

Je me décide à aller voir le tenancier … « Heu bonjour aubergiste. Elles sont là les filles pour la kermesse ? ».

Quelques vieux poivrots te regardent de haut en bas. Surtout … ne pas regarder ! Surtout … ne pas montrer ta peur !

Le tenancier me regarde … regarde le pillier de bar juste à sa droite … me regarde … regarde son clébard en train de prendre le soleil devant la porte. Limite paillasson le clep’s … me regarde encore et dans un effort surhumain me dit « non ».

Je ressors. Je me mets un peu à l’écart des tables en terrasse mais pas trop au cas où une nana de la kermesse me verrait au loin et court me sauver de ce plan fond de slip.

Parce que quand tout le monde te regarde, bein t’as beau être Shakira, tu te sens comme un sac. Ch’uis pas shakira alors me suis sentie comme un gros sac. Des odeurs de fumette venant de la terrasse, tu te dis que pour te sentir moins con, tu vas sortir ta e-clope, ça fera un peu moins coincée du cul. Bein non, en fait, la e-cig, je confirme, c’est pas miraculeux pour faire genre fille bien dans son slip. J’ai bien pensé au mojito mais si un des parents d’élèves te choppe, faut ramer pour trouver une explication claire.

Bon OK ! Personne n’est venu. En fait, la réunion se passait pas là du tout et personne m’avait prévenu bordel ! Attendre 40 minutes sans savoir quoi faire de sa couenne.. c’est ultra long.

J’ai dit aurevoir à mon pote. Oui parce que me suis fait un pote quand même au bar … le chien. « Royal Mojito ». Le signe d’une grande amitié naissante.

Donc t’arrive dans une petite salle où tout le monde est déjà là puisqu’y a que toi qui n’a pas été prévenu que c’était pas au bistrot putaiiiiin. On te regarde, tu t’assoies en faisant comme si t’étais pas vénère mais en fait, à l’intérieur, c’est un carnage. T’as envie de lâcher « Royal mojito » pour qu’il leur bouffe le cul. Mais en vrai, tu fermes ta gueule en les traitant de connasses mais juste dans ta tête hein.

Tu sors la chemise où tu as préparé plein de trucs. T’as tout bien imprimé, tu t’ais fait un dossier, le bloc et le petit crayon prêt. Limite t’es stressée. Tu t’es cru au taf ou quoi ! Et puis tu t’entends dire « c’est super hein mais tout est fait déjà. On va compter les lots aujourd’hui. ».

Et là, c’est comme si tu venais de perdre ton client. T’as mal mais t’encaisse, t’écoute, tu fermes ta gueule et tu t’inscris pour le stand gateaux. C’est là qu’on est le plus vu.

Et pour terminer en beauté, tu poses une question, une seule. LA question qui va te mettre la honte jusqu’à la fin de ta vie de mère de mycose en primaire.

« Excusez moi mais avez-vous prévu des gants alimentaires pour servir les gâteaux ? ». Oui parce que tu te bouffes les ongles et que pour les autres, tu t’imagines que ça doit pas être très agréable d’être servie par une onychophage. (Cherchez pas dans le dico, j’ai bon. )

Là, elles relèvent toutes la tête. Tu regrettes déjà d’avoir ouvert la bouche mais tu t’essaies de faire bonne figure. Réponse : « bein … à la bonne franquette ».

Tout le monde se quitte en s’disant qu’on a bien avancé.

Toi, tu dis aurevoir à ton seul ami, Royal Mojito, en lui promettant de le revoir très vite.

La kermesse … c’est ce soir …

NDLA : on s’marre mais gros big up aux mères qui se démènent. C’est pour nos mycoses toussa.